15 mai 2024
Marc Levinson

Un exemple de destruction créatrice

À propos de l’ouvrage The Box: Comment le conteneur a changé le monde, de Marc Levinson, éditions Max Milo, 2011, 470 pages.

Compte rendu paru dans L’Agefi, supplément mensuel INDICES, décembre 2011.

Une boîte toute simple, toute bête, mais qui va révolutionner les échanges, précipitant le phénomène de la mondialisation. Devant les journalistes qui le pressent de questions, Malcolm McLean finit par raconter que lorsqu’il était camionneur, un jour, après avoir passé des heures à faire la queue pour décharger son camion sur un quai de Jersey City, il avait compris (eurêka !) qu’il serait bien plus commode de hisser la caisse entière à bord. Il y a ainsi dans toute innovation un côté fable… qui ne dit rien de l’innovation en tant que telle.

Selon l’auteur, McLean avait surtout compris que le véritable rôle des entreprises de transport était de convoyer du fret et non d’exploiter des bateaux et des trains ! Il nous offre une leçon pour comprendre comment une innovation est réellement mise au point. Et l’on est loin, très loin des attitudes des économistes qui sont certes capables d’anticiper des événements, mais sur la base du passé (cf. l’interview ci-dessus). Voilà pourquoi personne n’a vu venir l’augmentation massive des échanges commerciaux à longue distance induit par la conteneurisation. Jusqu’à la fin des années 1960 en effet, soutient l’auteur, toutes les études prédisaient la croissance de la conteneurisation sur la base du principe que les tendances actuelles de l’import-export perdureraient, mais aucune ne prédisait que ce système allait permettre une restructuration de l’économie à l’échelle mondiale… juste à temps oblige.

Dans cet ouvrage monumental et passionnant, c’est l’histoire d’un cube avec les gagnants qui se sont renforcés à coup de restructurations (des ports notamment), mais aussi les perdants inéluctablement entraînés dans les bras morts du fleuve Innovation.