15 mai 2024

Travail et fragilisation

Travail et fragilisation. L’organisation et le e management en question, dirigé par Hugues Poltier, Alain Max Guénette et Anne-Marie Henchoz, éditions Payot-Lausanne, Lausanne, 2004, 210 pages – coll. Économie, organisation et humanités

Résumé:

Fragilisé dans son statut et dans son savoir, constamment exposé à une redéfinition de son travail, l’individu contemporain est de moins en moins en mesure de s’assurer de son identité sociale par une identité professionnelle, alors même que les exigences d’implication de soi dans son emploi sont de plus en plus élevées. Comment, en tant que société, ferons-nous face à ce cocktail explosif: d’une part, une extériorité croissante de l’individu à la mission qu’il remplit en tant qu’elle lui est de plus en plus étrangère; et d’autre part, l’exigence, déterminée par l’impératif de rentabilité, de son engagement total dans la réalisation de son travail dont il sait par ailleurs qu’il peut disparaître du jour au lendemain à la faveur d’une restructuration des processus de travail ou de licenciements économiques? Énorme question dans laquelle se joue, sans doute, une part décisive de notre avenir en tant que société: car si, demain, le travail cesse déjouer le rôle intégrateur qu’il a joué depuis la naissance de l’économie industrielle, qu’est-ce qui fera tenir ensemble les individus-travailleurs que nous sommes devenus?

Au travers d’une pluralité de regards disciplinaires allant de la psychologie du travail aux transformations de l’organisation du travail induites par la ©-entreprise en passant par la médecine du travail, la pédagogie, la sociologie des métiers, les contributions réunies ici explorent les mutations récentes advenues dans le travail – en tant qu’il constitue, aujourd’hui encore, le “fait social total “. Le souci commun en est d’interroger la place que le processus organisationnel le plus récent “ménage” à l’individu. Il en est aussi de sonder les stratégies élaborées par celui-ci pour s’y construire et s’y préserver malgré tout, malgré les casses. Sont ainsi offerts différents regards sur la difficulté de l’individu à se forger une place; à conquérir l’estime de soi et de ses semblables par son apport au procès de la production sociale, aussi incontournable qu’impossible. Le présent volume rassemble la majeure partie des contributions présentées dans le cadre d’un cycle de conférences mis sur pied par le Département interfacultaire d’éthique de l’Université de Lausanne et la Haute école de gestion de Neuchâtel au cours des années académiques 2000-2002.

Contributions de:

Anne Barrère (Université Lille 3), Philippe Davezies (Laboratoire de médecine du travail, Faculté Laennec, Université de Lyon), Claude Dubar (Laboratoire Printemps, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), Farinaz Fassa (Université de Lausanne), Alain Max Guénette (Haute école de gestion de Neuchâtel), Alain d’Iribane (LEST, Université d’Aix-Marseille), Danilo Martuccelli (CADIS, Université Lille 3), Ariane Miéville (Université de Lausanne), Hugues Poltier (Université de Lausanne), Jean-Claude Sardas (CG5, École des Mines, Paris), Marc-Henry Soulet (Université de Fribourg) et Joseph Torrente (Institut Paul Sivadon, Paris).

Table des matières:

  • Avant-propos, par Hugues Poltier et Alain Max Guénette
    • Production du sujet et mal-intégration, par Marc-Henry Soulet
    • Désordres psychiques et nouvelles organisations, par Joseph Torrente
    • Apprendre … pour être fragile, par Farinaz Fassa
    • Évolution des organisations du travail et atteintes à la santé, par Philippe Davezies
    • Santé au travail et @ entreprise: quand les transformations des normes de travail, d’emploi et de compétences deviennent de nouvelles sources de maladies professionnelles, par Alain d’Iribarne
    • Mutations du travail et de l’emploi et crises identitaires, par Claude Dubar
    • Dynamiques identitaires et transformations organisationnelles, par Jean-Claude Sardas
    • Les changements dans l’organisation et l’organisation du changement hier et aujourd’hui, par Ariane Miéville
    • En commentaire au texte d’Ariane Miéville, par Jean-Claude Sardas
    • Aux sources du malaise enseignant, par Anne Barrère
    • La fragilisation mentale comme épreuve de domination, par Danilo Martuccelli