14 mai 2024
Travail dissimulé

Travail dissimulé et estime de soi

Travail dissimulé et estime de soi: Une sociologie du rapport moral face aux règles formelles, de Jérôme Heim, éditions L’Harmattan, Paris, 2014 (décembre), 322 pages, préface de François Hainard – coll. Conception et dynamique des organisations, Série Publi-thèses

La collection «Conception et dynamique des organisations» dans laquelle est publié ce volume, est dirigée par Alain Max Guénette (ancien professeur à la HES-SO et chercheur-associé au CGS – Centre de gestion scientifique – de Mines ParisTech) et Jean-Claude Sardas (professeur à l’école des Mines ParisTech, chercheur au CGS).

Résumé:

Dans le but de mieux comprendre le recours au travail dissimulé – communément appelé travail au noir – par des personnes qui disposent de toutes les autorisations nécessaires, ce livre approfondit le rapport que celles-là entretiennent face au Droit et à l’État. Loin de se réduire à une stratégie rationnelle de fraude économique, le travail au noir s’explique davantage par la saisie d’opportunités de rémunération, qui s’avèrent finalement non déclarées et donc illégales. Or, si les personnes acceptent de telles conditions, c’est parce que ces dernières suscitent l’espoir d’une reconnaissance sociale qui a pu faire défaut dans leur parcours de vie.

Tout en violant les lois régissant les activités économiques, les travailleurs au noir tendent à se conformer aux normes de l’employabilité valorisées par l’organisation contemporaine du travail. Les pratiques non déclarées au fisc et aux assurances sociales confèrent certainement une estime sociale à ceux qui y recourent en ce qu’elles améliorent leur performance sur le marché du travail. Toutefois, en opérant dans l’illégalité, et en absence de protections sociales, ces personnes s’exposent non seulement à des sanctions pénales, mais également à une plus grande vulnérabilité. La reconnaissance sociale espérée à travers une activité dissimulée s’avère donc bien souvent un leurre, car elle ne s’accompagne pas des conditions légales et matérielles aptes à garantir un épanouissement, ni au travail ni dans la sphère privée.

Loin de se réduire à une stratégie rationnelle de fraude économique, le travail au noir s’explique davantage par la saisie d’opportunités de rémunération non déclarées et donc illégales. En améliorant la performance sur le marché du travail, ces pratiques confèrent une certaine estime sociale à ceux qui y recourent. Elles s’exposent toutefois à des sanctions pénales et à une plus grande vulnérabilité en l’absence de protections sociales.

Table des matières:

  • Introduction
  • Première partie: problématique générale
    • Chapitre 1: La Loi sur le Travail au Noir en Suisse
    • Chapitre 2: Les raisons d’un recours au travail dissimulé
    • Chapitre 3: Le modèle de la lutte pour la reconnaissance
    • Chapitre 4: Le développement des sociétés modernes selon une perspective normative
    • Chapitre 5: Problématique de recherche
    • Chapitre 6: Méthodologie
  • Deuxième partie: dénis de reconnaissance à l’origine du travail dissimulé
    • Chapitre 7: Dénis de reconnaissance dans le rapport au travail
    • Chapitre 8: Dénis de reconnaissance par rapport au revenu du travail
    • Chapitre 9: Justifications du travail dissimulé et attentes de reconnaissance juridique
  • Troisième partie: La reconnaissance ambivalente du travail dissimulé
    • Chapitre 10: L’utilisation et le contournement des règles
    • Chapitre 11: L’utilisation des rapports sociaux
    • Chapitre 12: L’utilisation de soi
  • Conclusion: Le travail au noir, révélateur d’une pathologie sociale contemporain
  • Bibliographie