16 mai 2024
Gouvernance des biens communs

Sortir de la fable du marché et gérer les ressources communes

À propos de l’ouvrage La gouvernance des biens communs: Pour une nouvelle approche des ressources naturelles, de Elinor Oström, éditions De Boeck, 2010, coll. « Planète en jeu », 300 pages.

Compte-rendu paru dans L’Agefi, supplément mensuel INDICES, octobre 2010.

Les travaux d’Elinor Ostrom s’inscrivent dans la tradition de l’économie institutionnaliste. En effet, elle ne considère pas le marché comme étant la catégorie absolue et indépassable, mais comme une institution parmi d’autres. Le jury du Prix de la Banque de Suède, en lui décernant son fameux prix dit Nobel de sciences économiques, l’a récompensée en 2009 en même temps qu’un autre économiste institutionnaliste américain, Oliver Williamson.

L’ouvrage, paru initialement en 1989, porte sur l’organisation collective de la vie liée aux ressources communes (ou biens communs) ; sur la coopération. Le propos central est de comprendre comment les institutions aident les utilisateurs à faire face aux problèmes des dits biens. L’auteure s’intéresse précisément à l’organisation collective de la vie, entre le marché et l’État, abordant la question à partir des communautés qu’elle place résolument au centre du jeu économique.

L’auteure justifie d’emblée son éloignement des grands modèles généralement utilisés pour aborder la question des ressources communes dont les solutions passent par le recours au marché ou à l’État. Puis elle se base sur plusieurs exemples de tentatives – plus ou moins fructueuses – de gouvernance des biens communs. Parmi ces exemples, on remarquera le cas de Törbel dans la vallée de Viège en Haut-Valais, ici traité par le menu.

Au final, Ostrom montre les bénéfices d’une gestion collective des biens communs intégrant les acteurs dans le processus de décision et d’élaboration des règles de gestion.

Loin des économistes qui ont appauvri la discipline économique par un emploi du postulat irréaliste de l’homo œconomicus et un recours forcené aux mathématiques pour offrir force prédiction et faire scientifique, Elinor Ostrom utilise les apports des sciences humaines et sociales. Économiste, mais pas étroitement économiste !