14 mai 2024
point de vue

Former des responsables RH réflexifs et employables

Article rédigé et signé avec Frédéric Favre, alors DRH et formateur, et paru dans le supplément mensuel Indices du journal L’Agefi d’octobre 2010.

 

Pour préparer les jeunes gens dont elle a la charge aux métiers liés à la gestion des Ressources humaines, le domaine gestion de la Haute école Arc a mis sur pied une formation articulant caractère académique et caractère professionnel.

 

La Suisse bénéficie d’une réputation appréciable en matière d’enseignement et de formation, qu’elle doit certainement à un système où l’accent est mis majoritairement sur l’expérience et les compétences, et où l’on peut passer relativement aisément de la formation professionnelle à la formation académique et vice-versa. Peu de systèmes éducatifs permettent cela, raison de le souligner. Le présent texte renvoie essentiellement à la présentation, dans ses grandes lignes, de la formation dans le cursus du Bachelor de la HEG Arc. Le texte se refermera sur deux arguments.

À Neuchâtel, le programme de niveau Bachelor propose quatre cours semestriels obligatoires en RH, deux d’entre eux étant liés aux aspects psychosociologiques et deux autres aux aspects techniques et stratégiques. Comme dans les autres Heg d’ailleurs. D’abord, la connaissance des hommes et des femmes dans les organisations, à travers les connaissances des sciences humaines et sociales en plus des sciences de gestion, et ensuite – et seulement ensuite – la plongée dans les aspects techniques de la gestion des hommes et des femmes.

Les cours de psychosociologie (de comportement organisationnel ailleurs) sont intitulées «Dynamique humaine de l’organisation» pour affirmer le primat de l’organisation du travail et de son importance à une époque où la tendance à l’individualisation et la psychologisation est forte, au risque de mettre la charge de la preuve sur les individus d’emblée, alors que souvent les (in)organisations du travail ne permettent pas aux individus de performer. Pour signifier aussi la préférence d’approches dynamiques plutôt que statiques – la psychanalyse promouvant l’autonomie, plutôt que le comportementalisme favorisant l’adaptation pure et simple.

Deux autres cours prolongent l’enseignement en RH, intitulés simplement «Gestion des ressources humaines», où sont abordées des questions davantage techniques, voire stratégiques. L’aspect généraliste de la formation Bachelor de base étant affirmé par ces cent vingt périodes de cours obligatoires, il est proposé une option RH pour ceux et celles qui souhaitent se destiner aux métiers RH, orientation facultative représentant tout de même trois cents périodes d’enseignement en dernière année d’études, professionnalisation oblige.

Divisée en trois parties, on s’y attache d’abord à affirmer la maîtrise des aspects pratiques des RH, c’est-à-dire les bases de la gestion administrative du personnel de sorte que les étudiants et étudiantes qui le souhaitent puissent, à l’issue de cette dernière année, se présenter aux examens du certificat et du brevet fédéral auxquels ils et elles sont bien préparé∙e∙s. Ainsi, ils et elles sont à même de montrer qu’en deçà de leur capacité réflexive, ils sont capables de traiter toute question pratique quotidienne.

Une deuxième partie s’attache à creuser les aspects stratégiques basées compétences articulés à des aspects de sociologie des organisations et à la capacité de mettre en place des systèmes de gestions des compétences et des connaissances adaptées à divers contextes. Une troisième partie enfin est consacrée aux questions de santé dans le monde du travail, l’accent étant centralement mis sur le rôle et le positionnement des responsables RH relativement à ces questions. Il s’agit ici de comprendre que gérer revient toujours à gérer un écart entre les prescrit et le réel. Il s’agit aussi de porter une attention au travail réel au travers de disciplines telle que l’ergonomie. Il s’agit enfin savoir construire des outils de prévention de la santé.

Ce qui nous a inspiré à échafauder cette construction, c’est le fait que le système suisse se caractérise par l’art de la passerelle en ce qu’il permet de relier des parcours d’enseignement et de formation parallèles, en l’occurrence académiques et professionnelles. Cet art suisse dans le domaine de l’éducation, nous nous efforçons de le cultiver au plus juste des besoins de la pratique et des attentes académiques dans notre université des sciences appliquées en matière d’enseignement en RH. Cette qualité du système nous a permis de réfléchir à ce que l’on garde du système d’antan de l’école de commerce où opéraient des praticiens et du système d’aujourd’hui tirant vers le monde académique.