14 mai 2024
Mieux-être au travail

Réincarner le management

À propos de l’ouvrage Mieux-être au travail : appropriation et reconnaissance, de Philippe Bernoux, éditions Octarès, 2015, coll. Travail et activité humaine, 220 pages.

Compte-rendu paru dans L’Agefi, supplément mensuel INDICES, juin 2015.

Sociologue de l’organisation et de l’entreprise, Philippe Bernoux n’est pas spécialement connu du grand public. Ses travaux au long cours nourrissent cependant depuis les années quatre-vingt ceux et celles qui cherchent à comprendre comment favoriser dans les organisations une gestion humaine des ressources. Ceux et celles qui cherchent, plutôt que de nourrir le bêtisier du management à travers des phrases telles que « je pense pour vous » (sic) et d’entretenir une conception désappropriante en termes de travail, qui cherchent donc à incarner le management pour favoriser le « pouvoir d’agir ».

Pour construire un mieux-être, soutient l’auteur, l’entreprise devrait s’organiser en se fondant sur le sens que l’homme donne à son travail. Car penser le travail en ayant en tête une vision tronquée des attentes et des désirs des travailleurs, insiste-t-il, c’est construire un univers du mal-être, du malheur, voire de la révolte. L’organisation des êtres humains qu’il s’agisse de l’entreprise ou de la cité, ne peut qu’être fondée sur des concepts correspondant à la réalité du travail, selon lui.

Ce que soutient en d’autres termes, Philippe Bernoux, c’est que le malheur organisationnel n’est pas un destin et qu’il est possible d’éviter les conséquences fâcheuses sur les personnes de pratiques délétères, conscientes ou inconscientes, si souvent malveillantes. Incapacité à l’empathie de la part de hiérarques ? Alexithymie ?

Basé sur des enquêtes de terrain, ancré donc dans du concret, l’auteur élabore deux concepts que sont l’« appropriation » et la « reconnaissance » et ce n’est pas là le moindre de son intérêt. L’auteur explique comment les mettre en œuvre pour que le travail soit un lieu créateur de sens et par là lieu d’un mieux-être de l’individu et des sociétés.