Les peurs au travail, dirigé par Alain Max Guénette et Sophie Le Garrec, éditions Octarès, Toulouse, 2016, 248 pages – coll. Le travail en débats
Résumé:
Si la thématique des peurs n’est pas nouvelle, qu’en est-il aujourd’hui dans notre hypermodernité «hypersécularisée»? Il semble que les peurs eschatologiques aient pleinement été supplantées par des peurs centrées sur de nouvelles valeurs typiques de nos organisations occidentales: l’économie, le travail et les intérêts individuels immédiats.
Ces nouveaux référentiels «dogmatiques», culturels et identitaires ont tracé les nouveaux sillons de nos peurs contemporaines. Fatigue, usure, burn out, stress, etc., font les «Unes» de l’actualité dans certains pays depuis moins d’une décennie. Un lien de cause à effet entre ces maux et les peurs au travail, peut-il être établi?
Le travail reste encore le «grand intégrateur» de nos sociétés, malgré des dysfonctionnements actuels majeurs révélés à l’épreuve, par exemple, de suicides liés au travail ou encore de l’inflation des risques psychosociaux recensés en lien avec certaines formes de management.
Comprendre les peurs au cœur des organisations professionnelles, privées et publiques, nous a semblé pertinent pour sérier et analyser plus précisément les processus qui les activent tant sur le plan structurel qu’individuel. La spécificité de ce microcosme peut être un révélateur du fonctionnement plus général de nos sociétés paradoxales de plus en plus sécurisées et en santé mais qui ne cessent d’exprimer et d’activer peurs et mal-être.
Psychologues, philosophes, historiens, anthropologues ou sociologues autant de regards disciplinaires se sont joints à cet ouvrage collectif pour apporter des éléments de réponses, pour redéfinir les enjeux ou tout simplement pour interroger les réalités et pluralités effectives de ces peurs.
Contributions de:
Yvan Barel, Gianfranco Domenighetti, Anne Flottes, Sandrine Frémaux, Sophie Le Garrec, Alain Max Guénette, Marc Loriol, Danilo Martuccelli, Vivianne Nahoum-Grappe, Marie Pezé, Gwénaëlle Rot, Franz Schultheis, Vivianne Seigneur, François Vatin, Olivier Voirol
Table des matières:
- Première partie: Des définitions et des enjeux épistémologiques
- Chapitre 1: La reconnaissance et la peur: notes sur Hegel et le travail, par Olivier Voirol
- Chapitre 2: Le salaire de la peur: la normalisation de la précarité dans le capitalisme contemporain, par Franz Schultheis
- Chapitre 3: Les deux grammaires de la peur contemporaine, par Danilo Martuccelli
- Deuxième partie: Les peurs comme levier organisationnel et structurel
- Chapitre 4: Fonctionnement pervers des organisations et climat de peur, par Yvan Barel et Sandrine Frémaux
- Chapitre 5: Terrorisme, lutte antiterroriste et dynamiques sociales des peurs, par Vivianne Seigneur
- Chapitre 6: Les femmes dans l’organisation du travail en France: entre peur et courage, par Marie Pezé
- Chapitre 7: Impact sanitaire de la peur de perdre l’emploi, par Gianfranco Domenighetti
- Troisième partie: Des individus et la variabilité des peurs endogènes
- Chapitre 8: Le travail sous tension et les peurs en action, par Sophie Le Garrec
- Chapitre 9: Les policiers et la peur: au-delà du déni, la régulation collective des difficultés, par Marc Loriol
- Chapitre 10: «Ici, on ne fabrique pas des marshmallows»: peur de l’accident et peur de mal faire dans les industries de flux à haut risque, par Gwénaëlle Rot et François Vatin
- Chapitre 11: Les métamorphoses de la peur, par Anne Flottes
- Chapitre 12: Entrer dans la vie: la peur de l’avenir du jeune adulte est-elle différente en fonction des identités de genre? Une approche ethno-phénoménologique de quelques situations de crises, par Vivianne Nahoum-Grappe
- Bibliographie générale