15 mai 2024

Le management retrouvé

À propos de l’ouvrage Lost in management. Tome 2 : La faillite de la pensée managériale, de François Dupuy, éditions du Seuil, 2015, 230 pages.

Compte-rendu dans L’Agefi, supplément mensuel INDICES, février 2015.

L’auteur, sociologue des organisations, a depuis les années nonante commencé de porter un regard critique sur les entreprises et leur management. En première approximation, deux angles peuvent être remarqués. D’abord, Dupuy met en avant – spécifiquement, dans Le client et le bureaucrate (1998) – l’impératif de transversalisation des processus afin que les clients et les usagers – dans le cas de services publics – n’aient pas à payer le coût de la non-coopération intraorganisationnelle. Et puis, il met en exergue – dans La fatigue des élites : Le capitalisme et ses cadres (2005) – le déclassement des cadres dans une situation d’emploi particulièrement tendue, entraînant fatigue et souffrance d’autant plus fortes que les entreprises mettent la charge de la preuve de tensions et de contradictions sur les individus au lieu d’interroger le travail et son organisation.

Dans le premier tome de Lost in management La vie quotidienne des entreprises au XXIe siècle (2011) –, il dénonçait la représentation, voire l’idéologie de l’« entreprise régie par la tyrannie du profit et prête à écraser les individus pour atteindre ses fins », qui creuse dangereusement l’écart entre les discours du management et les réalités observables sur le terrain. L’auteur poursuit ici, dans son récent opus, sa charge contre les méthodes de management qui donne l’illusion d’un renouvellement, mais qui, en réalité, tourne en rond, entretenant un formidable bêtisier des méthodes managériales. Les dirigeants, selon lui, s’obstinent à puiser dans un corpus de doctrines simplistes et standardisées, finalement très pauvres, les moyens de résoudre les questions. Dans ce second volume de Lost in management, François Dupuy s’attache au fond à pointer les mécanismes de l’appauvrissement de la pensée managériale et à en montrer les conséquences désastreuses pour les entreprises.