14 mai 2024
Kora Véron Césaire

Identité et universalité

À propos de l’ouvrage Aimé Césaire de Kora Véron, éditions du Seuil, collection Biographie, 854 pages, 55 francs ISBN 978-2-021-40427-2

Publié dans le supplément INDICES de L’Agefi, août 2021.

L’écrivain Aimé Césaire est un monument de la culture française. Pourtant, on a du mal à parler de lui autrement qu’en rappelant qu’il a été dans les années 1930, avec Léopold Sédar Senghor, l’inventeur du concept de «négritude». Quant aux autres apports de cet homme disparu en 2008 à l’âge de 94 ans, l’on a la plupart du temps retenu peu de chose sinon, peut-être, qu’il a eu une vie politique comme député à Paris et comme maire de Fort de France. L’ouvrage de Kora Véron vise à faire (re)découvrir l’homme dans toute sa complexité et ses contradictions.

L’ouvrage suit un ordre chronologique, retraçant la vie d’Aimé Césaire depuis sa naissance en Martinique – l’homme est né près du volcan actif de la Montagne Pelée –, les rencontres et les combats durant les années de guerre, son engagement politique et sa rupture avec le PCF et les moments difficiles des indépendances africaines. Mentionnons une œuvre poétique singulière, son incontournable «Carnet d’un retour au pays natal» paru en 1939 et ses pièces de théâtre dont «La tragédie du Roi Christophe» en 1963.

Il apparaît en lisant la somme de K. Véron que la vie de Césaire a été compliquée par des ruptures et des traversées du désert, sans oublier des périodes de panne littéraire. Au début des années 1980, l’homme réémerge au niveau public à l’aune de la victoire de la gauche en France.

On découvrira dans ce livre les nombreuses rencontres qu’a fait le poète durant son existence. Homme timide et réservé, il s’est nourri et a nourri ses interlocuteurs d’une longue conversation. Il n’a cependant pas eu que des relations agréables. Il faut par exemple rappeler les relations pour le moins tendues pour ne pas dire exécrables avec les tenants du mouvement de la «créolité». Ces derniers contestaient le concept de «négritude», niant par là même, selon Césaire, les origines africaines. Esprit universel, Césaire a défendu une pensée contemporaine de la différence: «Plus on est nègre, plus on est universel».