14 mai 2024
sacks

Explorateur de l’humain

À propos de l’ouvrage En mouvement. Une vie, de Oliver Sacks, éditions du Seuil, 420 pages, traduction de Christian Clerc, ISBN 978-2-021-17767-1

Compte-rendu paru dans L’Agefi, supplément mensuel INDICES, mars 2016.

En reprenant une phrase bien connue de Michel de Montaigne, on pourrait dire d’Oliver Sacks que rien de ce qui est humain ne lui semble étranger! Fameux neurologue d’origine britannique, l’auteur qui nous livre son autobiographie s’est fait connaître d’un large public par son ouvrage L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau (1992 [1985]) dans lequel il faisait part des affections «les plus bizarres» qu’il lui ait été donné de rencontrer. En vingt-quatre cas dont celui d’un homme qui était capable de reconnaître les objets composés de formes géométriques simples, mais pas les visages; et qui un jour avait pris la tête de sa femme pour son chapeau… Son ouvrage L’éveil (1993 [1973]) porté au cinéma (1990) a également joué dans sa popularité.

Au sortir d’une jeunesse obsédée par les motos et la vitesse, il travaille, en tant que neurologue, dans un hôpital new yorkais réservé aux malades chroniques: il y découvre des patients emprisonnés dans une profonde léthargie dont il va tenter de les faire sortir, expérience qu’il racontera dans son livre L’éveil. Tout en explorant les troubles neurologiques les plus étranges et en décrivant ces maux souvent incurables comme des mondes particuliers, il s’appliquera à montrer que chacune de ces manières «anormales» de se comporter, de parler ou de se situer dans l’espace et le temps est profondément humaine.

Oliver Sacks rappelle qu’un de ses professeurs avait écrit qu’il irait «loin s’il cesse d’aller trop loin». Des mots prophétiques qui donnent le ton de cette autobiographie sans fard. L’auteur ne passe rien sous silence, depuis son homosexualité difficilement acceptée par sa mère, jusqu’à ses doutes au plan scientifique, sans oublier ses amours. Un ouvrage remarquable d’un homme et de ses différences!