14 mai 2024
éric albert

Éloge de l’hétérarchie

À propos de l’ouvrage Partager le pouvoir, c’est possible, de Éric Albert, éditions Albin Michel, 2014, 196 pages, ISBN 978-2-2262-5476-4

Compte-rendu paru dans L’Agefi, supplément mensuel INDICES, février 2014.

Éric Albert est l’auteur de plusieurs ouvrages aux intitulés claquant comme des mots d’ordre définitifs: Le manager est un psy (1998), Au lieu de motiver, mettez-vous à coacher! (1999), N’obéissez plus! (2001), etc. Il s’intéresse au stress des collaborateurs d’entreprises et fustige les certitudes managériales sur lesquelles reposent les croyances des dirigeants et managers.

«Les valeurs, le rapport au travail, la relation à l’autre, la façon de s’investir, la projection dans le temps, tout évolue», écrit d’emblée Albert. L’idée essentielle qui traverse son ouvrage est qu’il convient de prendre en compte l’évolution sociétale majeure que constituent les réseaux interconnectés. Deux anecdotes servent d’exemples, de preuves: celle où la communauté des internautes est parvenue à résoudre un problème que des scientifiques dans des laboratoires de recherche du monde entier n’étaient pas arrivé à identifier; et puis, la victoire du réseau encore dans la lutte entre Wikipédia et Encarta. S’appuyant sur des bonnes et des mauvaises pratiques de management, l’auteur revisite les pratiques de la motivation et de l’engagement. En deux idées essentielles: oser la confiance et partager le pouvoir, de sorte à donner envie aux personnes de s’investir dans leur travail.

Les ouvrages de cet auteur présentent généralement des passages stimulants malgré l’absence d’une véritable théorisation. Son nouvel ouvrage n’échappe pas à la limite liée à la juxtaposition de vignettes – i.e. de situations – qui lui servent à poser des diagnostics et tracer des pistes pour la «refondation des entreprises», son véritable projet. Psychiatre d’obédience comportementale, surfant sur la vague de la psychologisation (cf. article de ce supplément, page 00), surinvestissant le rôle des dirigeants,… l’auteur n’est pas à une contradiction près. À consommer sans modération de sens critique.