14 mai 2024
La crise est finie

Critique du keynésianisme

À propos de l’ouvrage La crise est finie ! d’Axel de Tarlé, éditions Le Cherche Midi, 2013, 149 page (éditions Éponymes, 2013, CD audio).

Interview paru dans L’Agefi, supplément mensuel INDICES, avril 2013.

A. de Tarlé en 5 dates:

  • 1970: naissance à Clermont-Ferrand.
  • 1994: radio économique BFM, chroniques boursières.
  • 1996: Europe 1, la radio de mon enfance.
  • 1999: en pleine ascension internet, on me confie la chronique économique matinale.
  • 2008: 15 sept. 2008, faillite de Lehman Brothers ; trop de dette, trop de spéculation financière.

Perspective:

Axel de Tarlé est journaliste, animateur de télévision et chroniqueur spécialiste de l’économie.

Diplômé d’une Haute école de commerce, Axel de Tarlé commence une carrière de journaliste radio en 1994. Il collabore aussi avec Paris-Match et Le Journal du Dimanche et présente depuis 2010 sur France 5 l’émission télévisée C à dire ?

Interview :

Pourquoi ce titre provocant ?

Depuis que je suis né, j’entends parler de crise. J’en ai assez, c’est déprimant. J’ai envie de changer de disque, d’autant qu’il y a une vraie raison d’espérer. Pour la première fois depuis des années des décennies même, il y a un consensus droite/gauche sur les moyens de s’en sortir. Regardez, concernant la dette et les déficits, plus personne ne parle de « relance budgétaire ». Tout le monde est d’accord pour dire que la relance budgétaire, c’est la relance de la dette ! Or, il y a encore quelques années, c’était la grande idée. Il fallait que l’État dépense pour soutenir l’économie. Il fallait augmenter les salaires, le salaire minimum, pour soutenir le pouvoir d’achat. Dans une économie ouverte, ça ne marche plus ! Car avec ce surplus de salaires, les gens achètent des Volkswagen fabriquées en France, des écrans plats fabriqués en Chine. Quand on fait de la relance en France, on donne du travail aux salariés allemands et chinois. Le keynésianisme est mort. Ça marchait peut-être dans les années 1930 quand nous vivions dans une économie fermée. Quand – pour faire simple – nous avions le choix entre acheter une Peugeot fabriquée à Sochaux, ou une Renault fabriquée à Boulogne-Billancourt. Cette époque est révolue.

Droite et gauche sont convaincues qu’augmenter les déficits ne peut en rien relancer l’économie. Au contraire, la charge de la dette nous étouffe. Les intérêts de la dette – 45 milliards d’euros – sont devenus le deuxième poste de dépense derrière l’Éducation nationale. Ce sera bientôt le premier poste si on ne fait rien. Quelle déprime ! La priorité du gouvernement ne sera plus d’éduquer nos enfants, mais de payer pour les erreurs du passé.

L’autre consensus porte sur la compétitivité. On a compris que la relance de l’économie ne viendrait pas des consommateurs, mais des producteurs, des entreprises. On peut penser ce qu’on veut d’Arnaud Montebourg, mais il a raison quand il dit qu’il faut remettre l’usine au centre du village. Il faut réindustrialiser le pays. L’industrie représente 80% des exportations. Une usine qui ferme, c’est du chômage, des importations, de la dette. Dès lors qu’on a compris que c’est l’entreprise qui sauvera le pays, la question de la compétitivité devient centrale.

Sur quoi presque tout le monde des économistes s’entend-il aujourd’hui ?

Que la France dépense trop. Qu’il faut un État plus maigre. François Hollande l’a clairement expliqué. « En 5 ans, a-t-il dit, la dépense publique est passée de 52 à 57% du PIB. Est-ce qu’on vit mieux ? Non » a répondu le Chef de l’État. Réduire la dépense publique est une nécessité budgétaire, mais c’est aussi une nécessité philosophique. Deuxième consensus : la compétitivité. Il n’est pas possible que le coût de la main-d’œuvre en France soit de 34,90 euros contre 31 euros en France. Il faut baisser les charges. Sur 100 euros de salaires, un patron français paiera 41 euros de charges, un entrepreneur allemand paiera lui 23 euros. C’est mortifère.

Mais, la compétitivité, c’est aussi la qualité, l’investissement, la R et D. Les entreprises françaises doivent dégager davantage de marges pour investir. Or, leur taux de marge est de seulement 28,6 %, au plus bas depuis 1986, à comparer avec près de 40 % en France. On en revient au même constat, il faut urgemment baisser les charges. D’où le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi, qui diminue de 20 milliards d’euros les charges qui pèsent sur les entreprises françaises.

Vous évoquez la politique de l’offre : on reviendrait aux reaganomics ?

Il est évident que la France doit déréguler son économie. Notre code du travail comprend plus de 3’000 pages et 10’000 articles ! Preuve de la complexité de notre droit du travail : Des multinationales comme Peugeot-
Citroën ou Unilever, dotées d’une batterie de juristes, voient leur plan social retoqué par la justice pour des questions de procédures. On imagine la grande solitude du petit patron de PME.

On compte plus de 400’000 normes dans le pays. Dans le BTP, les promoteurs vous expliquent que le temps « papier » est supérieur au temps « chantiers ». Oui, la France gagnerait à s’inspirer un peu de reaganomics… sauf dans le secteur financier !