À propos de l’ouvrage de Pierre Guillet de Monthoux : Esthétique du management: gestion du beau et du sublime de Kant à Gadamer, éditions L’Harmattan, 1999, 202 pages
Paru dans le cahier CARRIÈRES du journal Le Temps du 1er décembre 2000, chronique «Le Livre de la semaine»
Professeur à la School of Business de l’Université de Stockholm, Pierre Guillet de Monthoux s’efforce de répondre à la question: pourquoi des personnes créent-elles des entreprises? Directeur de l’ECAM (European Centre for Art and Management), ses préoccupations philosophiques se remarquent dès le début de ses travaux sur l’entreprise, marqués par trois principaux thèmes: «action», «système de normes» et «art». Prenant le contre-pied des approches fonctionnalistes, il met l’accent sur l’intentionnalité de l’action – on mentionnera ici son ouvrage Action and Existence (1983). Il s’intéresse ensuite au management industriel comme système de normes et de règles: alors que le premier volet de sa recherche porte sur la connaissance, le second est d’ordre éthique – citons également The moral philosophy of Management (1993). Le troisième moment, que fixe son tout récent ouvrage, s’attache à éclairer les aspects esthétiques dans le choix des normes.
Esthétique du management commence par trois cas pratiques: un hôpital, une université et un festival. Pierre Guillet de Monthoux écrit: «Il s’agit de trois entreprises dont j’ai moi-même fait l’expérience concrète. En essayant de saisir le dynamisme et la force qui les entraînent, je suis obligé de parler d’art et d’esthétique. Si je choisissais de faire part de ces expériences en ne parlant que d’économie et d’organisation, il n’en resterait que de pâles constructions théoriques.»
L’auteur décline alors son propos en six chapitres, renvoyant chacun à un penseur en philosophie: l’art de comprendre avec Kant, celui d’inspirer avec Schelling, d’émanciper avec Dewey, d’admirer avec Simmel, d’enivrer avec Nietzsche, de peupler avec Gadamer. Finalement, un bien joyeux savoir et une lecture de toute beauté.