19 mai 2024
éthique des affaires

Éthique des affaires

À propos de l’ouvrage Quelle gestion éthique des personnels de Michel Le Net, Revue «Entreprise éthique» n° 8, Le Cercle d’éthique des affaires et les Editions De Boeck, avril 1998, 196 pages.

Compte-rendu paru dans les pages Carrière du journal Le Temps, rubrique Le livre de la semaine, le 4 septembre 1998.

C’est sans contredit aux Etats-Unis que l’«éthique des affaires» s’est développée. Discipline à part entière, elle y est enseignée dans les écoles de gestion, et de nombreuses publications abordent depuis longtemps déjà des questions liées à cette éthique appliquée. La tradition démocratique outre-Atlantique, avec son lot de groupes de pression, a sans nul doute contribué à porter les débats sur la place publique. Ces débats américains se sont enrichis au fil du temps, plusieurs vagues pouvant être repérées. Après les questions renvoyant au rôle des gestionnaires et à leur pouvoir dès les années 30, l’accent fut mis dans les années 60 sur la responsabilité sociale des entreprises. Durant les années 80, est apparue l’idée de performance sociétale de l’entreprise, avec son corollaire, la rectitude sociale: où l’on met clairement l’accent sur la responsabilisation des personnes. Dans cette tendance, les chartes déontologiques sont aujourd’hui un passage obligé pour toute entreprise qui tient à s’afficher «éthique». Signalons qu’un «guide» des entreprises éthiques, qui attribue bons ou mauvais points selon deux critères principaux, est annuellement publié aux Etats-Unis: l’existence de chartes déontologiques et l’animation éthique effectuée à l’intérieur de l’entreprise. Pratiquement, une entreprise fautive peut ainsi voir sa peine réduite de moitié si elle a affiché des intentions éthiques, et du quart si en plus elle a mené des actions en interne! La revue Entreprise éthique – dont «Quelle gestion éthique des personnels?» est le huitième numéro – se situe dans la tradition de l’éthique des affaires version américaine. Parce qu’elle privilégie un contenu pratique, on trouvera dans chacun de ses numéros de nombreux articles sous forme de témoignages apportés par des praticiens, consultants, responsables des ressources humaines, parfois même des syndicalistes. L’intention des animateurs de ladite revue est double: elle consiste à prévenir la corruption et à promouvoir l’éthique dans ses dimensions individuelle, civile et professionnelle. Le principal présupposé qui sous-tend leur approche peut s’énoncer ainsi: les entreprises éthiques sont davantage assurées d’une certaine pérennité que celles qui ne le sont pas. L’éthique est ici clairement considérée comme un outil de gestion. A l’instar de ce qui se fait aux Etats-Unis, les animateurs de ladite revue prévoient d’ailleurs d’éditer un guide éthique des entreprises domiciliées en France – sorte de Guide Michelin des affaires.