14 mai 2024
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Intervenir de façon systémique

À propos de l’ouvrage Interventions systémiques dans les organisations: intégration des apports de Mintzberg et de Palo Alto, de Jean Nizet et Chantal Huybrechts, De Boeck, 1998, 160 pages.

Compte-rendu paru dans les pages Carrière du journal Le Temps, rubrique Le livre de la semaine, le 28 août 1998.

Les décisions doivent être prises par les gestionnaires, et non par des consultants externes. Le propos de Nizet et Huybrechts, enseignants et consultants, est mu par une préoccupation double d’analyse et d’action. Analyser, c’est effectuer la description la plus fine possible des situations de gestion. Agir, c’est faire en sorte que les dirigeants soient à même de prendre des décisions de nature à favoriser le changement souhaitable pour le bon fonctionnement de leur organisation. Deux enjeux sont donc ici repérables. Le premier consiste à dépasser la simple description par la proposition d’un cadre d’analyse propre à favoriser la prescription. Le second renvoie à une position déontologique: un consultant externe n’a pas à se substituer aux acteurs de l’entreprise en matière de prise de décision. Nous cherchons à développer les capacités d’action des acteurs de l’organisation, leur pouvoir, en d’autres termes, leur liberté, soutiennent les deux auteurs belges. Nizet et Huybrechts proposent dans leur ouvrage un modèle intégré d’intervention. Celui-ci prend en compte deux apports théoriques: d’une part celui de l’auteur canadien Henry Mintzberg (n.d.l.r.: Structure et dynamique des organisations); d’autre part celui de l’école dite de Palo Alto dont un des plus célèbres représentants est Paul Watzlavick (n.d.l.r.: Le langage du changement: éléments de communication thérapeutique). Le premier cadre théorique permet d’appréhender un contexte organisationnel à partir de quatre sous-systèmes: la structure, le marché, les buts et le pouvoir. Mais, si la théorie managériale de l’auteur canadien est l’une des plus formalisées que l’on trouve en matière de changement organisationnel, elle ne permet néanmoins pas de prendre en compte les relations interpersonnelles. C’est pourquoi, en complément, Nizet et Huybrechts font appel à une autre théorie. L’école de Palo Alto, écrivent les auteurs, accorde une attention particulière à l’influence que les comportements d’une personne ont sur les comportements d’une autre personne, et sur l’effet en retour des comportements de cette autre, sur la première. Cet ouvrage précis – les auteurs y exposent finement les deux cadres théoriques utilisés –, et pratique – ils se basent sur l’exemple de trois cas pratiques présentés d’entrée de jeu –, devrait intéresser les gestionnaires responsables pour lesquels il ne s’agit pas d’abandonner à un consultant des pouvoirs de décision qui sont les leurs.